Il était une fois, l’histoire de la psychomotricité…

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janvier 19, 2021
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Cet article décrit l’évolution de la psychomotricité: les jalons qui lui ont permis de voir le jour, son état actuel et les études qui existent pour pratiquer ce merveilleux métier. Et l’histoire n’est pas finie…

Des prémices à la formation, en passant par les expériences sociales, médicales et psychologiques, je vais tenter de vous résumer le développement de la psychomotricité de sa naissance à son stade actuel.

Commençons par le commencement : la naissance de la psychomotricité.

Depuis l’Antiquité, les philosophes débattent sur le fonctionnement de l’être humain en clivant d’un côté, le corps (la matière, le soma) et de l’autre, l’esprit (la psyché, l’âme). Souvent, l’esprit domine, il est tout puissant dans un corps qui lui est assujetti. Par exemple, Descartes avec son « cogito ergo sum », qui signifie « je pense donc je suis ». Le corps est bel et bien relégué au second plan. Ce dualisme va à l’encontre du principe même de la psychomotricité que nous verrons un peu plus loin.

L’histoire de la psychomotricité démarre véritablement en 1800, en France, avec le mythe de l’enfant sauvage. Un petit garçon que l’on a nommé Victor est trouvé dans les bois, seul, nu et parfaitement sauvage. Les hommes scientifiques s’emparent de ce petit être afin d’évaluer son intelligence, persuadés qu’il ne l’a pas développée étant livré à lui-même. C’est ce que confirme d’abord Philippe Pinel, médecin français, après l’avoir ausculté : idiotisme intraitable (rien que ça !). Jean Itard, médecin et pédagogue français, s’oppose à ce diagnostic (merci !) et met en place un programme psychopédagogique pour aider l’enfant à rattraper ses carences. Ce qu’il met en place intuitivement est très proche de la psychomotricité actuelle : l’enfant n’a pas de malformation physique ou de déficience intellectuelle mais il a un retard de la marche et du langage.

En 1850, le mot « psychomoteur » apparaît pour la première fois ! Cet adjectif est utilisé par un médecin psychiatre allemand, Wilhelm Griesinger, pour décrire l’hypotonie du déprimé (sympa le contexte…). Suite à ça, le mot psychomoteur sera plus régulièrement utilisé dans les divers écrits médicaux. Des expériences peu scrupuleuses menées par différents corps médicaux vont révéler la présence d’aires psychomotrices dans le cerveau.

En 1900, E. Dupré pose un véritable jalon dans l’histoire de la psychomotricité en décrivant le syndrome de débilité motrice ! Caractérisé par de la maladresse*, une paratonie* et des syncinésies*, il met en lien le mouvement et la pensée (principe même de la psychomotricité !).

En 1950, le contexte d’après-guerre va aider la psychomotricité à se développer et à s’encrer dans les esprits grâce aux découvertes scientifiques.
• René Spitz va prouver qu’un enfant privé d’affection est en danger : durant l’hospitalisation des enfants, le personnel soignant se concentrait sur leur alimentation, leur hygiène et les soins chirurgicaux sans jamais penser à leurs besoins affectifs. Ils étaient alors séparés de leur parent ! Après une période de protestation, ces enfants se résignaient et se laissaient dépérir seuls… C’est ce qu’on appelle « le syndrome d’hospitalisme ».
• La découverte de la plasticité cérébrale par IRM : le système nerveux central étant plastique (modulable), il est normal que l’éducation et la rééducation psychomotrice fonctionne et aide la personne à évoluer dans sa problématique, les choses ne sont pas figées ad vitam aeternam (bonne nouvelle, non ?!).
• Jean Piaget prouve que l’intelligence naît de l’action : un enfant apprend par le mouvement, par l’action et par l’expérimentation de son environnement.
• Henri Wallon, après avoir étudié le tonus* de l’être humain, conclu ceci : le tonus musculaire est le faisceau commun des émotions, du mouvement et de l’intelligence.

Toutes ces découvertes ont en commun de mettre en lumière l’interaction qui existe entre le mouvement, l’intelligence et les émotions. C’est le principe même de la psychomotricité ! Elle s’est aussi construite grâce à certains concepts de la psychanalyse.

C’est d’ailleurs à partir de 1950 que la théorie va évoluer vers la pratique et donner naissance au métier de psychomotricien grâce, notamment, aux publications de Julian de Ajuriaguerra.

En 1960, la définition des troubles psychomoteurs est écrite, leur évaluation grâce au bilan psychomoteur et leur traitement sont proposés.

Au jour d’aujourd’hui, la psychomotricité est en perpétuelle évolution, de nouvelles théories sont proposées, la pratique s’étend dans différents domaines avec un public très varié et la (re)connaissance de ce métier est en développement (j’en parle à la fin de l’article justement 😉 ).

Quel(s) diplôme(s) pour devenir psychomotricien/ne ?

En 1963, l’État français délivre un certificat de rééducation psychomotrice d’un niveau d’études supérieures.

En 1974, après diverses parlementassions quant aux compétences exactes du psychomotricien, le diplôme d’État de psychorééducateur est publié. Le terme psychorééducateur évoluera en psychomotricien.

Début des années 60-70 en Belgique, des formations psychomotrices sont proposées pour les professionnels du secteur de l’éducation et de la santé.

Dans les années 70, le contexte belge se différencie de celui de la France. Tandis qu’en France une formation spécifique est mise en place, en Belgique il n’existe que des post-formations continues.

Dans les années 80, des formations plus conséquentes en promotion sociales sont développées.

En 1995 (l’année de ma naissance, c’est un signe, j’en suis sûre…), le Forum Européen de la Psychomotricité est créé dans le but d’organiser une base commune aux différents pays européens dans la formation.

C’est en 2012 que le bachelier paramédical en psychomotricité voit le jour (halléluia).

Mais… ça sert à rien, vous n’êtes pas reconnus, si ?

Encore une fois, ça n’est pas si simple… Le bachelier est bel et bien reconnu comme paramédical mais le métier de psychomotricien n’est pas encore reconnu par le Ministère de la Santé Publique Nationale Belge et donc, pas comme profession paramédicale… (Une vraie histoire belge n’est-ce pas ?). Concrètement, les patients ne peuvent bénéficier de remboursements INAMI mais plusieurs mutuelles participent aux frais des séances psychomotrices à des pourcentages différents. Les démarches continuent pour être enfin reconnus comme paramédicaux. Nous sommes donc parfaitement autorisés à pratiquer notre métier qui est en plein essor !

*Maladresse : caractère d’une personne maladroite, de ses gestes ou de ses réalisations.
*Paratonie : c’est une contraction involontaire d’un muscle, ce qui rend l’action volontaire compliquée. Il en existe plusieurs.
*Syncinésie : c’est la contraction involontaire d’un muscle pendant qu’un mouvement volontaire ou réflexe est en train d’être effectué. Par exemple : certains enfants, pendant qu’ils se concentrent, tirent la langue ou contractent les muscles de la bouche. Il en existe plusieurs.
*Tonus : c’est l’état de tension permanente des muscles. Il en existe trois différents : le tonus de fond, postural et d’action.

Bibliographie :
-Potel, C. (2010). Etre psychomotricien. Un métier du présent, un métier d’avenir. Toulouse : éres.
-Scialom P. (s.d.). Guide-psycho.com : histoire de la psychomotricité. En ligne http://www.guide-psycho.com/accueil/psychomotricite/histoire-de-la-psychomotricité/
-Yernaux J-P. (s.d.). Union Professionnelle Belge des Psychomotriciens Francophones : historique. En ligne http://www.upbpf.be/le-psychomotricien/historique/

Laurie Pirsoul – Psychomotricienne

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